SOMMAIRE :
Je sçay peindre l’eau de nafe,
Et l’orme à la vigne joint,
Un rat, un once, une agrafe,
De couleurs qu’on ne voit point.
Je sçay peindre une grenouille
Qui fait brusler un buisson
Un rat qui sa barbe mouille
Et qui fauche du cresson
Je sçay peindre un pucelage,
Un souspir, une clameur ;
Je sçay peindre davantage
Et le penser et l’humeur
Je peins la ronce et l’ortie
L’honneur du monde et le bruit,
Mais je peins la sympathie
Que l’on ne voit qu’à minuit.
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Je contrefais à merveille
Une grâce, une beauté
L’œillet, la rose vermeille
Et l’estuy d’humanité
Je peins l’ardoise et le chaume
Le songe et les visions ;
Du sage Maître Guillaume
Je peins les illusions
Je contrefais les galoches
Et l’eau qui tombe souvent
Je peins bien le son des cloches
Et le visage du vent
Gardez bien qu’on ne vous saigne,
Vous qui partirez demain ;
Gardez que je ne vous peigne…
Zest, je vous baise la main.
Anonyme Extrait du Recueil des plus excellents ballets de notre temps, Paris, 1612. |
Commentaire de ce poème par Daniel Lefèvre, dans le fichier ci-dessous :